Ministère de la Santé du Gabon: Je ne suis pas hygiéniste, je suis QHSE!

Mbolo mes préventeurs !

Vous l’aurez compris, votre QHSE fait un petit coup de gueule et tiens à recadrer sinon préciser les choses ! Cela fait exactement sept (7) mois que je suis QHSE au sein du service hygiène d’une structure hospitalière du côté de Koula-Moutou et le constat fait est que le statut et les missions des QHSE sont encore très méconnus dans les établissements de santé au Gabon. Il y’a tellement à dire sur ce sujet mais pour lors, je vais m’appesantir uniquement sur ces deux points.

1/ Le statut de la QHSE dans les structures hospitalières

En arrivant dans le milieu de la santé, tout était quasiment nouveau pour moi. La province, la ville, la structure et le service d’accueil. L’une des premières choses qui m’avait interpellée était que, de la direction générale en passant par le personnel soignant jusqu’à l’agent de sécurité, la plupart des collaborateurs connaissent uniquement « l’hygiéniste » et vous appellent ainsi dès lors que vous êtes au service hygiène même si vous êtes QHSE. D’ailleurs, le Ministère de la Santé et des Affaires Sociales du Gabon lui-même ne reconnaît pas la QHSE à proprement dit si l’on s’en tient au fait qu’une fois que vous exercez dans le domaine de la santé, précisément de l’hygiène hospitalière, vous êtes automatiquement enregistré comme étant un agent du Génie Sanitaire et Hygiène Publique.

En effet, parmi les corps du secteur public et précisément de la santé au Gabon, on retrouve le génie sanitaire et hygiène publique dont font partie les hygiénistes. Ceux-ci sont considérés comme les premiers acteurs et garants de l’hygiène en milieu hospitalier. Autrefois, la plupart d’entre eux passaient le concours de l’Institut de Formation d’Action Sanitaire et Social (INFASS) et étaient recrutés avec le niveau BEPC ou BAC. Il y’a seulement quelques années que ce corps de métier a été revalorisé et on pouvait voir certains se faire former en Europe ou à Ouagadougou pour poursuivre des formations universitaires. Ce corps de métier englobe plusieurs modules de formation notamment l’assainissement, l’hydrologie villageoise, l’hygiène alimentaire et bien d’autres mais la base de la formation est le génie sanitaire qui vous permet de vous spécialiser par la suite.

Après un échange avec un agent de l’Institut d’Hygiène Publique et d’Assainissement (IHPA), ce dernier m’apprendra que l’idée d’insertion des QHSE dans les établissements sanitaires serait du Dr Guy Patrick OBIANG NDONG, ancien ministre de la santé et des affaires sociales. Ce dernier, voyant certainement le pan Hygiène dans la formation QHSE, a jugé bon et utile de nous mettre au service d’un secteur autre que celui du privé. Toutefois, il faut tenir compte des champs d’interventions des uns et autres quand on sait que les profils de formations de ces deux métiers ne sont pas les mêmes. Le génie sanitaire est une formation bien précise et différente de celle reçue par la QHSE. Ça nous éviterait peut-être de subir ces « attaques » et interrogations des agents formés en génie sanitaire et hygiène publique lorsque ces derniers nous voient exercer dans les structures hospitalières.

2/ Les missions de la QHSE dans les structures hospitalières

Rappelons que « l’agent en génie sanitaire conçoit et met en place des mesures préventives et curatives pour protéger la santé des populations contre les risques liés aux milieux et aux modes de vie. Il en est de même pour un professionnel QHSE mais avec une responsabilité plus large, qui englobe la qualité des produits ou services d’une entreprise, la santé et la sécurité des travailleurs, ainsi que la protection de l’environnement« .
De plus, la QHSE s’exerce aussi bien dans les entreprises privées que dans les structures publiques et ses missions varient en fonction de l’activité de l’entreprise dans laquelle elle évolue. Autrement dit, c’est l’activité de la boîte, le poste occupé ou le service dans lequel vous êtes affecté qui détermineront plus ou moins vos missions. On est d’accord que vous n’allez pas pratiquer les missions d’un responsable QHSE si vous occupez un poste d’animateur HSE par exemple. Tout comme vous ne pouvez pas exercer des activités autres que celles propres à la structure et au service dans lequel vous êtes affecté.

 

Lorsque je débutais en milieu hospitalier, je me rappelle avoir proposé à la direction de faire appel aux services d’un professionnel du domaine s’agissant de l’activité de lutte contre les nuisibles en milieu hospitalier car étant QHSE, je ne possédais pas ce savoir-faire. Et là, l’hygiéniste du service m’a clairement fait comprendre que cette activité relève pleinement de son domaine de compétence selon qu’il avait reçu cette formation. Ceci pour dire que les QHSE ne cherchent pas à s’approprier les missions qui ne sont pas les leurs et encore moins celles du génie sanitaire et hygiène publique. Certes, nous avons des responsabilités et des domaines d’expertises différents, mais étant logés dans le même corps (génie sanitaire et hygiène publique), le même service (hygiène) nous menons finalement les mêmes missions et celles-ci tournent principalement autour des mêmes activités (l’hygiène hospitalière). On devient plus ou moins complémentaires, on apprend des uns et des autres, on se fait un partage d’expériences.

A l’heure de la restauration des institutions, il serait peut-être temps pour le ministère de la santé et des affaires sociales du Gabon de redéfinir le statut du QHSE afin de l’intégrer comme métier à part entière qu’il est et reconsidérer ses missions au sein des structures hospitalières. La nécessité d’une séparation de corps permettra également à chaque service (hygiène et QHSE) d’exercer chacun aisément ses missions en milieu hospitalier sans risque de susciter un conflit d’intérêts.